Les techniques fonctionnelles : corriger sans faire craquer

 

Qu’est-ce que l’approche fonctionnelle ?

Pas de « crac », pas de « ouille », pas de mauvaise surprise, pas de prise de catch.

Ceux qui sont venus à mon cabinet le savent, on travaille beaucoup avec la respiration.

Cette technique ostéopathique est dite « fonctionnelle », ou encore « Sutherland », du nom d’un ostéopathe pionnier de la discipline, et élève de A.T. Still, le fondateur de l’ostéopathie.

Ses avantages :

  • elle implique pas (ou peu) de manipulation et est donc indiquée pour absolument tous les types de patients. Même les bébés, a qui je ne peux pas demander de contrôler leur respiration, le font, en fait, de façon instinctive ;
  • la respiration et les apnées sont adaptées en fonction des capacités de chaque patient;
  • elle n’est jamais douloureuse;
  • la correction tient sur du long terme, beaucoup mieux que les autres techniques structurelles (dites HVBA, thrust, manipulations, énergie musculaire, etc) ;
  • toutes les structures du corps peuvent êtres libérées en fonctionnel, et pas seulement les articulations (organes, membranes, sutures crâniennes…)

Pour toutes ces raisons, les techniques fonctionnelles sont devenues la base de ma pratique.

 

Le déroulement concret

L’ostéopathe mobilise très finement une partie du corps par rapport à une autre. Il demande au patient d’inspirer à fond ou de souffler à fond, et de retenir sa respiration autant que possible. Le patient a toujours la possibilité de reprendre son souffle à n’importe quel moment !

Une fois l’apnée terminée, l’ostéopathe mobilise la 2e partie par rapport à la première. Le patient refait une apnée.

La zone a traiter est maintenant normalisée, c’est-à-dire libérée de ses tensions et de ses limitations. La douleur diminue ou disparaît.

 

Comprendre le processus plus en détail

Une technique indirecte…

L’approche fonctionnelle appartient à la famille des techniques indirectes.

  • Une technique directe consiste à corriger une dysfonction en amenant l’articulation contre sa limitation de mouvement : ma vertèbre ne tourne pas à droite, je l’emmène vers la droite pour dépasser son blocage.
  • Une technique indirecte agit dans le sens inverse : ma vertèbre ne tourne pas à droite, je l’emmène à gauche, puis j’attends qu’elle soit d’accord pour aller à droite.

… et structurelle…

L’ostéopathe cherche, comme dans toute technique structurelle, à mobiliser un élément du corps par rapport à un autre. Ce peut être n’importe quelle structure du corps, comme, par exemple :

  • une vertèbre par rapport à une autre : L5 / S1 ;
  • un organe : le ligament de l’intestin grêle / les lombaires ;
  • le genou : la rotule / le tibia.

Dans mon exemple, je souhaite libérer le genou. Je saisi la rotule avec une main, et le tibia avec l’autre. Je vais fixer le tibia, et mobiliser la rotule par rapport au tibia.

…basée sur des apnées et des réactions ligamentaires…

Je mets la rotule en tension. Cela signifie que je l’amène dans la direction de sa lésion, c’est-à-dire que j’exagère très légèrement son déséquilibre initial.

Je demande à mon patient de faire une apnée, soit avec les poumons pleins, soit avec les poumons vides. Le choix de l’apnée (inspiratoire ou expiratoire), augmente encore sensiblement la mise en tension de la rotule.

Lorsque le patient arrive au bout de son apnée, le taux d’oxygène sanguin baisse : cela déclenche un réflexe qui relâche les ligaments. Notre rotule est alors poussée encore un peu plus loin vers son déséquilibre, déclenchant une information via les capteurs ligamentaires. Juste avant, il s’agissait d’une adaptation, mais avec l’exagération subtile et douce de la dysfonction, le corps la perçoit maintenant comme un déséquilibre. Il opère alors lui-même une ré-équilibration de la rotule, qui reprend sa position physiologique par rapport au tibia.

J’accompagne son mouvement de retour, j’ai juste à la laisser faire.

Il ne reste plus qu’à mobiliser le tibia par rapport à la rotule selon le même procédé.

 

On sait que la technique est réussie lorsque :

  • on sent un dégagement de chaleur et une fonte des tensions
  • la rotule a retrouvé une mobilité équilibrée : elle bouge dans tous les paramètres sans blocage. Idem pour le tibia.

Parfois, sur une structure qui a accumulé beaucoup de tensions (traumatisme important, ou alors léger mais répété sur du long terme), il est nécessaire de reprendre plusieurs apnées pour accéder à une libération complète. La plupart du temps, 2 apnées suffisent.

…et pour finir, indolore.

Grâce à l’amplitude minime des mobilisations, une technique fonctionnelle reste toujours en-dessous du seuil de douleur. Comme on ne dépasse pas la mise en tension des ligaments, on reste toujours bien en deçà de la limite physiologique de mobilité de la structure.